A.A.P.P.M.A. qu’est-ce donc ?

Avant mes pérégrinations en Irlande, qui m’ont conduit aujourd’hui à développer une activité de guide en France, j’ai occupé un poste d’agent de développement auprès de la fédération départementale de pêche de l’Aude durant 4 années (2006-2010). A cette époque et depuis lors, j’ai souvent été frappé par la méconnaissance des pêcheurs concernant les institutions associatives de la pêche. Si je n’avais pas baigné dans ce monde-là de l’intérieur, j’aurais probablement moi-même quelques lacunes en la matière. Et j’en ai certainement d’ailleurs, car le maillage associatif et administratif de la pêche, des milieux aquatiques en général, est au final assez complexe et régi par bon nombre de textes. Ce n’est pas toujours évident de savoir qui fait quoi, quels sont les rôles, les missions, les statuts, les interactions possibles entre les différents types d’acteurs (Association de pêche*, Fédération de pêche*, Onema, Agence de l’eau, autres associations agréées ou pas, etc…).

* Volontairement simplifié pour une lecture facile quel que soit l’âge du lecteur (les véritables dénominations sont AAPPMA et FDAAPPMA).

Un récent article sur Facebook de ma part montrant la nouvelle mise à l’eau en construction sur le lac de Montbel (Ariège) a fait l’objet d’un bon nombre de commentaires qui ont dévié sur l’absence de projet de ce type au lac de la Ganguise (Aude). Ce qui en est ressorti, c’est un magma de questionnements, de mécontentements, d’envies d’agir, de sentiments d’impuissance, de confusions, etc… J’ai trouvé cela plutôt positif car ça montre qu’une nouvelle génération de pêcheurs n’en finit pas d’émerger, avec des idées et des envies d’aujourd’hui.

Cependant, nous sommes globalement à la fois de plus en plus soucieux de la préservation des milieux (ainsi adeptes de prélèvements très raisonnés et offusqués des pratiques d’hier qui ont encore bien des relents aujourd’hui), à la fois peut-être de plus en plus éloignés des structures associatives qui détiennent véritablement le pouvoir d’agir. Ce constat m’a ainsi inspiré l’écriture de cet article. Car ce n’est qu’à travers une meilleure compréhension du système associatif de la pêche que le pêcheur qui souhaite agir peut trouver sa place sur l’échiquier. En dehors, on reste dans l’ignorance et la frustration. Ce qui ne mène nulle part.

Tout pêcheur est titulaire d’une carte de pêche qui le rend, de fait, adhérent à une AAPPMA. Le premier choix qu’on peut donc faire en tant que pêcheur c’est celui de l’association à laquelle on souhaite adhérer. D‘où le titre de ce premier article : AAPPMA qu’est-ce donc ?

AAPPMA (Association Agréée de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique)

Et si nous commencions par un simple commentaire de texte ! On a là 4 données importantes :

1°) Association

On est donc en présence d’une entité qui a un statut juridique bien défini (tel qu’instauré par la loi du 1er juillet 1901).

2°) Agréée

On ajoute ici un élément fondamental. L’association est agréée, ce qui lui confère une reconnaissance par l’Etat. Elle est donc d’autant plus légitime à agir dans le rôle qui est le sien. Cet agrément est délivré par le Préfet1.

3°) Pêche

On pourrait préciser « pêche en eau douce » car l’AAPPMA n’a d’existence que pour les eaux intérieures.

4°) Protection du Milieu Aquatique

Voilà qui place l’association à une autre échelle, il n’est pas question uniquement de pêche. Ceci vient élargir considérablement à la fois son champ d’action, à la fois, encore une fois, sa légitimité à agir !! On est là dans une approche bien plus globale qui s’intéresse pleinement à la pêche et bien plus largement au milieu naturel dans lequel cette activité s’inscrit.

Je reviendrai plus en détails sur les rôles et missions d’une AAPPMA dans un autre article. Il est fondamental de les connaître si on souhaite réellement agir au sein d’une telle structure. Et, quelque part, tout pêcheur devrait en avoir connaissance. Mais chaque chose en son temps, je voudrais d’abord exposer mon avis sur l’importance du choix de l’AAPPMA.

Beaucoup de pêcheurs prennent leur carte de pêche sans trop se soucier de savoir à quelle AAPPMA ils adhèrent. Que ce soit chez un dépositaire ou directement sur Internet, nombreux sont ceux qui ne se posent pas de questions et prennent ce qu’on leur propose (l’AAPPMA « liée » au dépositaire ou la plus proche géographiquement sera bien souvent celle choisie).

Et pourtant, c’est bien là le tout premier moyen d’action que nous avons en tant que pêcheurs pour participer à une politique de gestion de la pêche et de protection du milieu aquatique qui nous convient ! Si, sur le papier, toutes les AAPPMA ont les mêmes statuts, les mêmes missions, les mêmes rôles, elles sont loin d’agir toutes de la même manière et avec le même degré de pertinence vis-à-vis de leurs missions. L’adhésion à une AAPPMA doit être, de mon point de vue, un véritable choix réfléchi  et conscient à partir d’éléments concrets.

Car, même pour ceux d’entre nous qui n’ont pas le temps ou l’envie de s’investir au sein d’une association, il est possible au minimum de choisir de donner son argent à une AAPPMA qui le mérite vraiment et qui a besoin de notre soutien.

Nous sommes de plus en plus des pêcheurs itinérants et de moins en moins attachés à un endroit en particulier, prendre sa carte de pêche sans réflexion au plus proche de son domicile est le premier acte d’une « pêche-consommation », c’est-à-dire d’une pêche où l’on consomme simplement du loisir. Si c’est un choix personnel, soit. Si c’est un non-choix, mais juste une facilité, induite par la paresse ou l’ignorance, cela me semble bien dommage.

Les questions que je peux être amené à me poser pour choisir une AAPPMA sont les suivantes. Elles répondent à des sensibilités purement personnelles :

– Est-ce qu’elle met en place de véritables actions de protection du milieu aquatique ?

– Est-ce qu’elle s’intéresse à la promotion de la pêche auprès des jeunes ?

– Est-ce qu’elle a des projets de développement qui correspondent à mes attentes ?

– Est-ce qu’elle défend l’idée d’un prélèvement raisonné ?

– Comment puis-je m’intégrer personnellement dans ses actions ?

– Est-ce qu’elle se situe sur un secteur où j’ai l’habitude de pêcher ?

– Est-ce que son fonctionnement interne favorise l’initiative ?

– Quelles sont ses actions avec lesquelles je ne suis pas en accord ?

– Etc…

Si je n’obtiens pas des réponses qui me satisfont en tous points, j’essaierai de me rapprocher au mieux des valeurs que je souhaite défendre. Et pour caricaturer, à l’inverse, je ne prendrai pas ma carte de pêche dans une AAPPMA qui n’a d’autres actions concrètes que de déverser des truites arc en ciel zigouillées en quasi-totalité le lendemain et les jours suivants, pratique qui pour moi se situe à l’opposé total de la « protection du milieu aquatique » tout autant que de l’idée que je me fais de la « pêche ».

La difficulté, pour le pêcheur qui souhaite réaliser un choix en fonction de ses propres critères, est alors de réussir à trouver l’information. Pour ceux et celles qui sont intégrés dans un réseau de pêcheurs (amis, clubs, compétitions…) ce sera peut-être un peu plus aisé, car l’échange permet de mieux situer les actions menées. Certaines AAPPMA ont un site Internet, outil bien pratique pour se faire une petite idée de l’état d’esprit de l’association. En général, même si en 2016 ce n’est pas encore le cas partout, les fédérations départementales ont un guide piscicole et un site Web qui permettent de parfaitement identifier les territoires d’actions (lacs et rivières) des AAPPMA ainsi que leurs particularités.

Quelle que soit la difficulté de faire son choix, je ne saurais que trop conseiller d’adhérer de manière réfléchie à une AAPPMA. C’est le tout premier des choix que nous avons à faire en tant que pêcheur, au moment où nous achetons notre carte de pêche.

Le prochain article s’intéressera de plus près aux rôles et missions d’une AAPPMA à travers ses statuts officiels, dans l’idée de mieux comprendre comment on peut s’y investir.

Sources :

 (1) https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2013/1/16/DEVL1241944A/jo

Arrêté du 16 janvier 2013 fixant les conditions d’agrément et les statuts types des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique